Valais…
Wallis…
Un mot … un seul… et voici qu’on vibre. Voici qu’on trésaille.

Valais…

De tout temps, ce nom a fasciné son monde. Un magnétisme s’exerce à l’approche de ce coin de terre, posé sur la planète comme une oasis.

Qu’on l’aborde par les rives du lac, comme Ramuz ou Courbet ou par le sentier des cols comme Goethe, Dumas ou Maupassant, une phrase   – toujours la même – saute aux lèvres, celle que lancèrent, extasiés, en plongeant leur regard dans la vallée du Rhône, André Chénier et ses compagnons : « Fantastique… ».

Fantastique… ce canton l’est à plus d’un titre. Il a fasciné Rousseau tout comme le premier homme à avoir été sur la lune et qui fut reçu entre Valère et Tourbillon par le conseil d’état tout entier.

Ce pays conjugue l’imaginaire au réel. Il marie, dans le plus beau des décors, le rêve au contact tangible de l’eau, du roc, du vent et du feu. Autant d’éléments que le Valaisan a dû apprivoiser au long de son histoire pour mieux ancrer ici sa présence.

Terre alpine et méridionale à la fois. Vallée coiffée de dentelles aux neiges éternelles, mais nostalgique toujours des plages du Sud, depuis le temps où les dinosaures posaient leurs empreintes dans le sable marin pour les catapulter ensuite jusqu’aux Alpes, dans le grand trémoussement de la genèse.

La chance du Valais – et cela va marquer sa destinée – fut de naître à la limite idéale où s’affrontent, avec complicité, le soleil et la glace, le nord et le midi.

Tout cela lui valut d’emblée ces bénédictions que sont le vin, l’asperge et l’abricot, l’eau thermale, les vacances, le ski , le kilowatt et l’extase des poètes qui ne cessent de chanter sa beauté.

C’est un pays de roc et de race où fleurit l’amandier, où mûrit la figue, où la grappe de raisin est belle à croquer. C’est le pays des glaciers, des géants aux statures de « 4000 ». C’est le pays du safran et du fendant. C’est le Valais du béton armé mais au « gosier de grive » comme le souligne Maurice Chappaz. Le voilà bien « le Valais aux cent visages », Ici tout est contraste, émerveillement, provocation.

On skie encore au Grand-St-Bernard ou sur la Plaine Morte, pendant qu’on cueille la première fraise à Fully.

Comme au temps des Sarrasins, on joue les nomades au son du fifre et du tambour, le piochard sur l’épaule, en attendant les combats de reines au premier cri du printemps.

On fixe les crampons aux souliers militaires pour faucher, à bras, les talus du Haut-Rhône. Les masques des antiques civilisations païennes déboulent toujours de derrière un raccard pour conjurer l’hiver et le mauvais sort.

C’est le même pays pourtant qui a bâti ce qui fut longtemps « le plus haut barrage du monde » et le plus haut téléphérique d’Europe. C’est vrai qu’on a là, mêlé au flux des migrants, les descendants de ceux qui tirèrent le long des vignes , comme suspendus au ciel, des murailles plus longues que la ligne Maginot.

C’est le pays qui envoie ses saphirs dans les satellites, qui façonne le mésoscaphe et le cœur en plastique. C’est le pays où le métro alpin brave la moraine, où le canon à neige défie la météo , où l’hélico a pris le relais du mulet… et où l’on agite toujours la bannière des saints les jours sacrés de fêtes chômées.

C’est le pays de l’aluminium aux senteurs d’olivier et de kiwi, celui de la dôle et des temples gallo-romains où s’exposent les nus de Renoir ou la musculature du discobole

C’est la terre de Rilke et de Ritz, de Supersaxo et du Dr Goudron , de Farinet et de Barry.

Des géants ont martelé son sol et bousculé son histoire : César, Bonaparte, Whymper, Marconi, Garibaldi, Schiner, Barman, Troillet, Varga, Dostoïevski ou Barrault.

Le Moyen Age prend toujours plaisir ici à s’acoquiner à l‘an 2000. Le plus vieil orgue du monde, le plus grand lac souterrain d’Europe, la montagne la plus mythique de la planète, les antennes qui parlent aux étoiles, les tunnels qui soudent le continent… c’est ici.

C’est le pays où étincellent, dans le ciel de l’alpinisme et du ski : Verbier, Ovronnaz, Nendaz, Crans-Montana, Champéry, Zermatt pour citer quelques lieux à la volée. Ici le passé prend plaisir à narguer le futur… avec ses coutumes, ses légendes, ses traditions, ses bisses, son histoire, sa lavande, ses guides ou ses gardes du pape. Des bourgs au passé néolithique et romain prennent des allures seigneuriales et modernes. Dans sa malice, ce pays marie l’eau thermale aux meilleurs vins de Suisse. On voit le soir surgir, dans ce décor, des collines aux airs d’Acropoles ou de monastères tibétains.Son marbre servit à bâtir le British Muséum de Londres et le Grand Opéra de Paris. Que de pages fantastiques sur toutes ces citadelles. Les rochers qui les entourent ont abrité les hommes des cavernes, avant l’ère chrétienne, il y a plus de 5000 ans. Les Romains ont occupé les lieux au temps d’Octodure et ont planté les premiers ceps. Les Savoyards, dans la bousculade des invasions, ont construits ces forteresses, barrées de remparts où la herse tombait au couvre-feu.

C’est le pays de la raclette et du vin des glaciers. D’accord… mais plus encore de l’amitié sans détour pour qui sait la mériter.

Terre des grandes espérances, aux racines ancestrales, où jamais rien n’est indifférent.

Un pays qui s’est épanoui en entrant, il y a 200 ans, dans la Confédération suisse et qui a la part belle aujourd’hui dans la grande famille helvétique.

Pays qui sent bon la poudre et l’encens.

Valais sacré… Sacré Valais vraiment.

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