Nous ne sommes pas pareils. Vous et moi. On est différents ça se voit. Moi je suis plutôt … Et vous plutôt… Et puis vous avez moins de… Alors que moi … Mais c’est normal ! Et c’est bien. Je ne m’aime pas plus que ça, alors si en plus je devais me farcir Moi dans le bus… Dans la rue… Non. Non. Nous sommes différents, et c’est bien !
Regardez vos vêtements, vos gestes… La manière de peigner vos cheveux… C est fascinant ! Je n’aurais jamais pensé me coiffer ainsi. Quelle bonne idée ! D’habitude je ne regarde jamais les gens. Je préfère les laisser tranquille. On ne sait jamais sur qui on pourrait tomber ! Mais là, un je ne sais quoi chez vous m’attire. Une lumière, un éclat de quelque chose… Vous baissez les yeux. Vous aussi vous aimez être seul. Comme moi. On se ressemble un peu finalement. Nous pourrions être frère et sœur. Ou cousins. Ressemblants, proches, mais pas trop. Nous marcherions côte à côte dans la ville avec l’assurance de nos racines communes, mais aussi la certitude de nos différences. Nous irions manger une glace, parce que ce serait les beaux jours d’un début de printemps, et la ville serait joyeuse. Je choisirais un parfum pistache comme toujours, et vous – et toi – du citron, ou de la framboise. Enfants nous aurions été un peu amoureux, comme deux enfants heureux et insouciants. Nous aurions eu nos jeux et nos premiers baisers. Des veillées toute la nuit et des fous rires étouffés à renfort d’édredons qui sentent la vieille maison. Et des disputes aussi, c’est sûr. Des pleurs, des petites blessures du cœur, comme un genou qui saigne et qu’un peu de mercurochrome suffit à soigner.
Et aujourd’hui, vous baissez un peu les yeux. Et moi aussi. C’est vrai, nous nous connaissons si peu…