J’ai une bibliothèque, où je range mes amours passées. A chaque histoire son livre, écrit à quatre mains.

Dans ces rayons, il y a des recueils de nouvelles, décousues certes, mais dans une cohérence que seuls mon complice et moi-même comprenons.

Il y a des romans, plus ou moins réalistes et crédibles. Dans lesquels il y a ce que chacun des auteurs a voulu dire, et ce que l’autre a bien voulu lire.

Il y a des livres d’art, qui décrivent la seule beauté d’un geste. Sans discours pompeux d’historien.

Il y a quelques bandes dessinées, là où le mot n’était pas nécessaire. Mais dieu que le trait et la couleur ont importé.

Il y a des haïku, où l’évanescence se résume à quelques syllabes.

Il y a aussi les incunables, qui ont vaguement retenu mon attention. Mais se sont révélés nécessaires à l’apprentissage du vocabulaire et de la grammaire amoureux.

Aucun manifeste, ni traité philosophique. Aucune réédition. Que des originaux. Aucune assurance contre l’incendie, ni le vol. Tout peut brûler. Cette bibliothèque n’a aucune vertu didactique ou pédagogique. Elle n’a pour seul but que celui d’être poétique. Ephémère. Elle disparaîtra avec les auteurs qu’elle abrite.

A l’issue de chacun de ces écrits, il y a inscrit le mot « FIN ». Mais je me plais à les cueillir parfois dans ma bibliothèque et relever une phrase qui m’a chamboulée. Qui prend un tout autre sens, avec le temps qui passe. J’élague tout le reste, je ne retiens que le meilleur, là où la substance prend le corps de quelques lettres évidentes. A ces extraits, je colle des guillemets qui les isolent d’un passé daté, connoté. Et naissent des citations. J’ai la joyeuse liberté de refermer les guillemets, là où il me plaît.

 

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